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LA BELGIQUE VUE DU CIEL
« Tout est parti d'un pari », ra-
conte Alexandre Laurent. « Mon
meilleur ami m'a mis au défi
en prétendant que la Belgique
n'était pas belle la nuit, vue du
ciel, contrairement à New York,
par exemple. Je suis alors monté
dans un avion pour prendre
des photos du port d’Anvers
et le résultat fut étonnant.
C'était en 2008. » Depuis, notre
photographe s'est spécialisé
dans la photographie aérienne
nocturne. Ses premières
expériences ont débouché sur
une authentique passion. Il a
entre-temps publié un ouvrage
autour de ses clichés nocturnes
de notre Royaume, intitulé
« Belgium by night ». Lequel
livre a d'ailleurs été repéré à
l'étranger, Alexandre participant
actuellement à un projet simi-
laire pour les villes canadiennes
de Montréal et Québec.
Tout est dans le timing
« Photographier le soir requiert
une approche spécifique. Au
coucher du soleil, il n'y a qu'un
petit quart d'heure qui se prête
vraiment à l'art de la photogra-
phie. L'on bénéficie encore à ce
moment-là d'un peu de lumière
solaire, combinée à la lumière
artificielle. Le plus souvent,
je prends mes photos l'hiver,
quand il commence à faire noir
plus tôt et que les bureaux sont
encore éclairés. Lors de la ses-
sion de photos réalisée autour
de l'Atomium, la température
était de 11 degrés sous zéro !
Durant ces quinze minutes, je
prends quelque 250 clichés,
pour en retenir 4 ou 5 exploi-
tables au final. Je photographie
avec un appareil numérique,
sans accessoires spéciaux.
Aucun filtre ou trucage ne peut
m'amener à pareil résultat. Tout
ce que je fais, c'est adapter un
peu la saturation des images.
L'aspect plaisant de ce type
de photographie, c'est qu'on
n'obtient jamais deux fois le
même résultat. Selon que le
temps soit sec ou humide,
froid ou chaud, les images sont
chaque fois différentes. »
Selon lui, les photos les plus
étonnantes réalisées dans le
cadre de cette émission sont
celles de l'Atomium et de
Tournai. « Pour l'Atomium, le
ciel se reflétait dans les boules,
c'était magnifique. Le shooting
effectué à Tournai s'est déroulé
lors d'une soirée brumeuse.
La lumière du spot orienté
vers la cathédrale s'est ainsi
vu conférer une dimension
supplémentaire. »
Prendre des photos à 240 km/h
Il trouve fantastique que bpost
reconnaisse la valeur ajoutée
de son travail. En tant que
professionnel, la photographie
aérienne nocturne lui impose
des défis particuliers. « Dans
un avion, vous êtes continuel-
lement en mouvement, alors
que vous volez à 240 km/h.
Il faut une bonne dose de
maîtrise, de ma part et de celle
du pilote, pour pouvoir prendre
des clichés nets. Chaque fois,
je ne dispose que de quelques
secondes pour trouver mon
sujet, le cadrer et appuyer
sur le déclencheur. C'est un
boulot très physique », ajoute-
t-il enthousiaste. « Grâce aux
appareils numériques, j'arrive
à prendre des photos de façon
très rapide, malgré le peu de
lumière disponible. Avec un
appareil analogique, le délai
d'obturation serait bien plus
long. Ce type de photographie
demande beaucoup d'exercice,
mais j'ai l'impression que
ma technique s'améliore à
chaque prise. »
Son père est bien évidemment
pour lui une grande source
d'inspiration, comme l'est
l'illustre photographe aérien
Yann-Arthus Bertrand. « Mais je
fais surtout des choses qui me
sont propres, sans doute parce
que la photographie aérienne
nocturne est assez unique. Je
n'ai pas besoin de grand chose :
un avion et le bon coup d'œil »,
s'esclaffe-t-il.
Pour l'émission philatélique,
bpost a pu faire un choix parmi
12 villes belges immortalisées
par Alexandre Laurent. « Au
final, ils ont choisi le port
d’Anvers, la cathédrale Notre-
Dame de Tournai, la gare des
Guillemins à Liège, l'Atomium de
Bruxelles et la cathédrale Saint-
Rombaut de Malines. Cette
sélection m'a surpris, ce n'est
pas celle que j'aurais effectuée
moi-même. Mais je sais qu'ils
ont choisi avec une grande
précision, en tenant compte de
l'équilibre entre cités flamandes
et wallonnes, et de la position
centrale de Bruxelles. Je suis très
heureux du résultat final. »
L'essentiel est de bien regarder
Les créations photographiques
d'Alexandre Laurent ont été
intégrées dans une image glo-
bale par Kris Maes, le graphiste
de bpost. « Cela m'a pris du
temps de combiner les quatre
clichés différents d'Anvers,
Tournai, Liège et Malines pour
constituer l'arrière-plan du
feuillet de timbres. Mais j'y suis
arrivé. Si on n'y regarde pas de
trop près, on peut penser que
cela forme un tout. Bruxelles n'a
pas été incluse dans la trame de
fond. Mais j'ai disposé
l'Atomium bruxellois au milieu,
étant donné la position géogra-
phique centrale de Bruxelles. »
La photo couvre tout le feuillet.
« J'estime qu'un bord blanc
aurait perturbé l'ensemble. Les
images retenues pour le feuillet
et pour les timbres-poste l'ont
toutes été pour la variation
qu'elles offrent en termes de
couleurs. » Un autre critère
important a joué lors du choix
des photos pour les timbres.
« Il n'est pas simple de restituer
correctement une photo
aérienne sur une surface aussi
réduite que celle d'un timbre-
poste. Cette perspective en
altitude fait perdre de nom-
breux détails. C'est pourquoi
j'ai plus ou moins répété sur
le feuillet ce qu'on peut voir
sur le timbre. Cet effet miroir
permet de mieux reconnaître
les éléments. »
Vues nocturnes de la Belgique
Émission de timbres-poste limités 11
Le photographe aérien Alexandre Laurent a hérité
dès le berceau du virus de la photographie aérienne.
« C'était d'ailleurs la profession de mon père. Il avait
débuté en 1960 en prenant des clichés d'actualité en
vol. Je continue d'ailleurs à voler avec le même pilote
que lui. » C'est un peu par hasard qu'il a découvert la
photographie aérienne de nuit.
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© Schutterstock - AnneKa