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Pour déterminer quels aspects
de la résistance devaient être
abordés, bpost a fait appel
à Chantal Kesteloot, histo-
rienne au Centre d'Études et
de Documentation Guerre
et Sociétés contemporaines
(CEGESOMA). « La Première
Guerre mondiale est la pre-
mière guerre ayant durement
touché la population. Il suffit
de songer à l'invasion de la Bel-
gique et aux nombreuses vic-
times qu'elle a engendrées. La
manifestation d'une résistance
civile n'est dès lors pas éton-
nante dans ce contexte. L'opi-
nion publique était elle aussi
très anti-allemands. Cela fut un
choc lorsque la Belgique, pays
neutre, fut attaquée. Ce choc a
entraîné une grande vague de
patriotisme. »
L'humour comme arme
« La Résistance s'est déclinée
sous différentes formes et
étonnamment très peu par de
la violence. La presse clandes-
tine a vu le jour en réaction à la
censure allemande de la presse.
À partir de 1916, nous voyons
apparaître des journaux réali-
sés de manière professionnelle,
avec La Libre Belgique comme
exemple le plus connu. Ces
journaux n'avaient pas seule-
ment pour but d'informer, mais
ils servaient surtout à redonner
espoir à la population des ter-
ritoires occupés. Notamment
par le biais de caricatures, car
l'humour est une puissante
arme de résistance. »
Lutte jusqu'en Afrique
« Nous avons également opté
pour deux personnages histo-
riques célèbres incarnant deux
types de résistance. Gabrielle
Petit a aidé de jeunes hommes
à s'échapper aux Pays-Bas,
d'où ils pouvaient rejoindre
les rangs de l'armée belge. Elle
a aussi transmis des informa-
tions sur les Allemands aux
alliés. Et ce, jusqu'en 1916,
date à laquelle elle fut dénon-
cée et exécutée. La présence
féminine dans la Résistance
était d'ailleurs plus importante
pendant la Première Guerre
mondiale que pendant la
deuxième. Le professeur Henri
Pirenne incarne quant à lui
la résistance intellectuelle. Il
s'opposa à la flamandisation de
l'université de Gand, un aspect
de la politique flamande que
l'Allemagne entendait utiliser
pour affaiblir l'état belge. Il fut
pour cette raison déporté vers
l'Allemagne, où il dispensa des
leçons d'histoire européenne
et belge à ses codétenus. »
« Enfin, l'émission évoque la
Bataille de Tabora en Tanzanie,
qui était à l'époque une colonie
allemande. La bataille a tourné
à l'avantage des alliés grâce à
l'intervention des hydravions
belges. Cela montre que cette
guerre ne s'est pas uniquement
déroulée en Europe, mais éga-
lement en Afrique. »
Une bataille surréaliste
La conception de cette troi-
sième partie est de nouveau
signée Kris Demey. « La Résis-
tance m'évoque la Seconde
Guerre mondiale. J'en savais
très peu sur ce thème. Chez
CEGESOMA, j'ai trouvé des
exemples de caricatures et
de journaux clandestins. C'est
au Musée de l'Armée – qui
recèle d'un trésor inestimable
en matériel photographique
– que j'ai trouvé les autres
photos. Dans la pratique, cela
consistait à passer des milliers
de photos en revue pour les
choisir une à une. Les images
choisies datent toutes de
1916. Il a été très difficile de
trouver du matériel photogra-
phique de la Bataille de Tabora.
Personnellement, je ne savais
pas que la guerre s'était éga-
lement menée en Afrique et
encore moins qu'une bataille
terrestre y avait été remportée
grâce à des hydravions belges.
J'ai trouvé cette information
on ne peut plus surréaliste.
La photo sélectionnée pour le
timbre-poste montre que les
hydravions devaient d'abord
être transportés par voie ter-
restre par des soldats. »
Même la noblesse s'opposa
Kris a prolongé dans cette
émission l'ambiance et le
style des émissions anté-
rieures. « Tout comme les
fois précédentes, l'émission
a été construite en plusieurs
couches. Sur la couche de
fond, j'ai utilisé des ‘Unes’ de
journaux clandestins. Sur la
deuxième couche historique
figurent des photos d'actions
concrètes, comme Tabora,
et de certaines personnes
comme Gabrielle Petit et Henri
Pirenne. La troisième couche
donne d'autres informations
complémentaires, comme le
commandant de la bataille de
Tabora, la cellule de Gabrielle
Petit qui est devenue depuis
un lieu de pèlerinage, une
caricature sur le travail obliga-
toire ... L'extrait à gauche pro-
vient du journal de Marguerite
Duron, une dame de la no-
blesse impliquée dans la Résis-
tance. Grâce au respect de la
même structure que celle des
deux émissions précédentes,
les 5 feuillets de timbres-
poste forment un ensemble
cohérent. Chaque partie de la
conception a bénéficié de la
même attention. »
LA GRANDE GUERRE (PARTIE 3)
COMMÉMORATION DE LA GRANDE
GUERRE : LA RÉSISTANCE
ELLE NE FAIT PARTIE D'AUCUN PROGRAMME SCOLAIRE. LES EXPOSITIONS, ÉVÉNEMENTS ET PUBLICATIONS
DÉDIÉS À LA COMMÉMORATION DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE N'Y ACCORDENT AUCUNE ATTENTION.
BPOST A VOULU RÉPARER CETTE INJUSTICE EN CONSACRANT LA TROISIÈME PARTIE DE SA SÉRIE PORTANT
SUR LA GRANDE GUERRE À LA RÉSISTANCE PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE.
ÉMISSION DE TIMBRES-POSTE LIMITÉS 8
La Résistance évoque essentiellement la Seconde Guerre mondiale