Accueil Philanews 04-2018

4 LA GRANDE GUERRE : LA LIBÉRATION Le graphiste Kris Demey a tenté de rassem- bler les différentes facettes de ce bascule- ment de la Grande Guerre dans la cinquième émission de notre série. « La richesse des images me permet de raconter une histoire. Les différentes couches permettent au philatéliste attentif de découvrir chaque fois de nouveaux détails. » Les images et les textes datent tous des semaines suivant directement l'armistice. Kris Demey : « La plus grande image en arrière- plan montre un défilé de toutes les troupes à Bruxelles. J'ai explicitement choisi de rendre hommage aux soldats belges qui ont La Grande Guerre : La Libération Émission de timbres-poste limités 15 Le 11 novembre 1918, l'heure tant attendue arrive enfin : l'armistice est signé. Après quatre longues années de guerre, la Belgique est libérée et la reconstruction du pays peut commencer. combattu sur le front de l'Yser. Le feuillet est ensuite complété par deux fragments du Standaard et de La Libre Belgique qui consacraient bien entendu leur Une à La Libération. J'ai montré ces fragments de jour- naux dans presque toutes les éditions, tout simplement parce que les journaux ont joué un rôle de premier plan pendant la guerre. En bas à droite, on aperçoit un fragment de billet de train d'un soldat allemand avec lequel il pouvait rentrer chez lui, au côté d'une photo des derniers Allemands ayant quitté Bruxelles. » L'image en bas à gauche est un peu plus légère. « Des photographes et des caméramans ont photographié ce moment historique tout le long du parcours du défilé. Ici, nous voyons un photographe se faisant réprimander par un agent car il ne dispose pas d'une autorisation (rires). » Les cinq timbres-poste soulignent chacun une facette différente de cette période tourmentée. Kris s'est plongé dans les archives du Musée de l'Armée pour obtenir des images. Kris Demey : « Nous voyons entre autres le couple royal alors qu'il faisait son entrée dans toutes les villes belges. Ici à Bruges, aux côtés du gouverneur de Flandre occidentale. En raison de son posi- tionnement, cette image se fond dans l'arrière-plan de la parade des troupes. On dirait que le couple royal marche avec les soldats. » Documents d'époque uniques Le timbre-poste en haut à gauche montre une scène curieuse. Avec une certaine réserve : « Ce serait une photo des deux premières personnes libérées, avec un messager de l'armée belge. La femme me semble particulièrement impressionnée par la caméra et moins par les nouvelles. Je trouve aussi l'attitude de son mari particulièrement expressive. J'ai aussi choisi cette image parce que je ne l'ai jamais vue ailleurs, c'est un document d'époque unique. » Le timbre-poste situé dans la partie infé- rieure gauche se concentre sur la reconstruc- tion. « Tout était détruit après la guerre : les infrastructures, les maisons... Le timbre-poste montre les baraques provisoires qui ont été construites, ainsi que des soldats occupés à réparer les chemins de fer, ce qui était crucial à cette époque. » En haut à droite, on remarque un aperçu de la propagande de guerre. Kris Demey : « Immédiatement après la libération, de nombreux monuments ont été érigés pour les combattants tombés au champ d'hon- neur ou pour souligner la victoire. Beaucoup de ces monuments étaient temporaires. À cette époque, il était surtout important d'ériger rapidement un mémorial pour redonner le moral aux gens. La statue centrale de la Brabançonne existe encore aujourd'hui, les deux autres ont été rempla- cées ou ont disparu au fil des ans. Enfin, le cinquième timbre-poste montre ce qu'il advenait des invalides après la guerre. Kris Demey : « Le gouvernement a mis en place de nombreux programmes de revalidation après la guerre. Sur le timbre- poste, nous voyons un soldat, aveugle à la suite des attaques au gaz, apprenant à lire le braille. En dessous, nous voyons des soldats musiciens, parce que la musique faisait aussi partie de leur revalidation. En plus des 5 timbres-poste, nous pouvons lire un extrait du discours du Trône du roi Albert I er du 22 novembre 1918. Comme pour les autres éditions, Kris a réussi à travailler avec des images datant de l'année en question. Il pose un regard satisfait sur la série. « Il m'est difficile de choisir mon émission préférée. Lors de la première série, j'étais très heureux d'avoir découvert une technique de travail en plusieurs couches et de pouvoir mélanger différents récits. C'était une trouvaille de rêve et en même temps un cauchemar, car le défi consistait à se maintenir à un tel niveau pour les cinq émissions (rires). » © Archives du Palais Royal, Albums Albert et Elisabeth, 521B, photos n° 1493 et 1494

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